Olympe de Gouges, Postambule, 1791
Éléments pour une introduction :
En 1791, Olympe de Gouges rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Ce texte dépasse la simple féminisation de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Il possède une force argumentative authentique, revendiquant une égalité réelle entre les sexes. Le postambule clôt cette déclaration en appelant les femmes à agir et à prendre leurs responsabilités dans leur condition. Comment, à travers le blâme des femmes sous l’Ancien Régime, Olympe de Gouges les invite-t-elle à un changement radical ?
Problématique :
Comment Olympe de Gouges critique-t-elle l’attitude des femmes sous l’Ancien Régime pour les inciter à agir et changer leur condition ?
I - L’attitude équivoque des femmes sous l’Ancien Régime (l. 122 à 135)
- Le genre féminin dans son ensemble est visé : le terme générique « les femmes » suivi du pronom « elles » insiste sur leur responsabilité collective.
- Assertion forte : « Les femmes ont fait plus de mal que de bien. » L’antithèse « mal » / « bien » souligne le jugement sévère.
- Critique morale avec des termes à connotation négative : « contrainte », « dissimulation », marquant l’hypocrisie.
- Parallélisme « ce que la force leur avait ravi, la ruse leur a rendu » souligne leur stratégie pour survivre, mêlant sournoiserie et manipulation.
- Hyperbole avec « toutes les ressources de leurs charmes » et le superlatif avec la négation « le plus irréprochable ne leur résistait pas » : le pouvoir de séduction est la source du pouvoir féminin.
- Exemple singulier « Une femme » pour illustrer la règle : beauté et amabilité suffisent à conquérir « cent fortunes ».
- Condition sociale restreinte et dominée par la séduction, la femme refusant ce rôle est vue comme « bizarre », « peu commune », « mauvaise tête ».
- Le lexique de l’argent (« or », « industrie ») et la noblesse (« première classe ») montrent que ces pratiques sont liées à l’injustice sociale et au pouvoir.
- L’adverbe de temps « désormais » et le futur « n’aura plus de crédit » appellent au changement et à la fin de ces pratiques.
II - Une critique politique engagée (l. 136 à 147)
- Changement d’énonciation avec la première personne « je », ce qui donne une dimension plus personnelle et engagée.
- Charge émotionnelle avec phrases exclamatives et interrogatives.
- Opposition entre passé (« L’Ancien Régime ») et présent, marquée par l’imparfait d’habitude (« était », « avait », « possédait »).
- Parallélisme dépréciatif : « vicieux », « coupable », « corrompu ».
- Question rhétorique qui ouvre une réflexion philosophique : « Mais ne pourrait-on pas apercevoir l’amélioration des choses dans la substance même des vices ? »
- Le passage du constat à la critique politique met en lumière la nécessité d’une transformation profonde.
Conclusion :
L’extrait du postambule illustre l’originalité d’Olympe de Gouges, qui mêle analyse sociale et critique politique. Sous l’Ancien Régime, les femmes étaient contraintes d’utiliser la ruse pour survivre dans un monde dominé par les hommes, mais cette survie équivaut à un asservissement volontaire. La Révolution incarne une promesse de liberté et d’égalité, mais le chemin est encore long. Olympe de Gouges invite ainsi les femmes à prendre conscience de leur responsabilité et à agir pour renverser leur condition d’oppression.