⬅️ Accueil 📥 Télécharger 🖨️ Imprimer

Olympe de Gouges, Postambule, 1791 (lignes 91 à 117)



Éléments pour une introduction :

Dans ces premières lignes de son postambule, Olympe de Gouges s'adresse directement aux femmes. Elle dresse un bilan de la Révolution française et évoque les Lumières. Le but des philosophes du XVIIIe siècle, dont elle se réclame, est de lutter contre l'obscurantisme en privilégiant l'usage de la réflexion et de la raison. Olympe de Gouges invite les femmes à sortir de leur passivité pour revendiquer leurs droits et participer pleinement à la société.

Problématique :


Quelle stratégie argumentative permet à Olympe de Gouges de convaincre les femmes de faire valoir leurs droits ?


I - L'appel au sursaut et à la révolte (lignes 91 à 98)


- L'auteure apostrophe les femmes dès la ligne 91 : « Femme », tutoiement et impératif « réveille-toi » visent à provoquer un électrochoc. - L'expression « le tocsin de la raison » fait référence à la Révolution et aux Lumières, symboles d’un réveil contre l’ignorance et les préjugés de l’Ancien Régime. - L’énumération des défauts du passé (ignorance, fanatisme, superstition, mensonges) dénonce clairement la société précédente. - Métaphore « nuages de la sottise et de l’usurpation » souligne la corruption qu’il faut chasser. - L’auteure dresse un bilan amer : malgré leur aide dans la Révolution, les femmes restent esclaves et privées de leurs droits (« homme esclave », « fers », « injuste envers sa compagne »). - L’apostrophe finale « O femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? » marque une critique de la passivité féminine et un appel à plus de lucidité et d’action.

II - Le constat d’une inégalité marquée (lignes 98 à 109)


- Question rhétorique « Quels sont les avantages que vous avez recueillis de la Révolution ? » : un constat d’échec implicite. - Parallélisme renforçant le constat de dédain accru envers les femmes malgré la Révolution. - Retour sur le passé : sous l’Ancien Régime, les femmes exerçaient un pouvoir indirect, fondé sur la séduction ou la ruse (« vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes »). - Affirmation de l’égalité naturelle des sexes par « les sages décrets de la nature ». - Revendications précises comme « la réclamation de votre patrimoine » soulignent des droits matériels refusés. - Allusions bibliques ironiques (« noces de Cana », « Qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout ») servent à inverser la logique traditionnelle en faveur des femmes.

III - Des revendications placées sous le signe de la raison (lignes 109 à 117)


- Appel à la raison avec l’impératif « Opposez courageusement la force de la raison » : il s’agit de faire valoir des arguments logiques, solides et indiscutables. - Impératifs successifs (« réunissez-vous », « déployez ») et futur (« vous verrez ») encouragent à l’action collective et à la confiance en leur force. - Lexique guerrier (« force », « courageusement », « étendards », « énergie », « trésors », « barrières renversées ») valorise les femmes en combattantes capables de vaincre les obstacles sociaux. - Opposition lexicale entre la force des femmes et la faiblesse des hommes souligne la supériorité morale et rationnelle attendue des femmes. - Le dernier vers rappelle que le pouvoir d’émancipation est entre leurs mains, grâce à leur volonté et leur raison.

Pistes pour une conclusion :


Olympe de Gouges parvient à convaincre les femmes de faire valoir leurs droits en mêlant appel à la révolte, bilan critique de la Révolution et arguments de raison. Elle dénonce leur situation d’injustice tout en leur donnant confiance dans leur capacité d’action et d’émancipation.

Idée pour une ouverture :


La marche des femmes sur Versailles en octobre 1789, qui manifesta pour le pain et la justice sociale, ainsi que les dons patriotiques des femmes à la Révolution, montrent que les femmes ont toujours joué un rôle actif dans l’histoire révolutionnaire malgré leurs droits limités.